M. Sarkozy de Nagy-Bocsa, ministre de l’Intérieur, numéro 2 du gouvernement, président de l’U.M.P., président du conseil général des Hauts-de-Seine (le département le plus riche de France), a déclaré qu’il entendait promouvoir « une autre façon de faire de la politique » :
Qui pourrait être contre une telle proposition ? Comme beaucoup de politiciens de droite, M. Sarkozy de Nagy-Bocsa est impayable quand il s’agit d’enfoncer des portes ouvertes. Le principal problème, c’est que le héros des boutonneux en treillis de l’U.N.I. n’est pas un nouveau venu. Il est en politique depuis 1975, date à laquelle il est devenu président des jeunes gaullistes. Il est entré au conseil municipal de Neuilly-sur-Seine (la commune la plus bourgeoise de France) en 1977, il en est devenu le maire en 1983. À cette occasion, il déclare : « Je les ai tous niqués ! » Parmi les « niqués », M. Pasqua, mais celui-ci ne lui en a pas tenu rigueur d’une façon rédhibitoire. Ces temps-ci, il aime à dire : « Sarkozy, c’est moi qui l’ai fait, c’est moi qui lui ai tout appris. » Ce n’est pas ce qui s’appelle un patronage moderne et marqué par une intégrité sans faille.
Élu député en 1988, M. Sarkozy alors un proche de M. Chirac, un « poulain » écrivent MM. Favier et Martin-Roland dans La Décennie Mitterrand. Le maire de Paris soutient le maire de Neuilly-sur-Seine quand celui-ci déclare sur Antenne 2, le 29 mars 1990, que les prestations sociales devraient être réservées aux seuls « nationaux », c’est-à-dire en exclure les étrangers, qui pourtant paient eux aussi des cotisations sociales — ce qui est exactement la position du Front national. Cela change en 1993, quand M. Sarkozy de Nagy-Bocsa choisit M. Balladur, qui est étrillé deux ans plus tard pour avoir mené une politique jugée trop rétrograde, y compris par une bonne part de l’électorat de droite. En 1999, l’élu de Neuilly-sur-Seine est tête de liste R.P.R./D.L. aux élections européennes. Avec son cher Alain Madelin, il mène une campagne à droite toute, fondée sur les valeurs les plus éculées du conservatisme. Il fait 12,8 %, battu par la liste de MM. Pasqua et de Villiers, nettement devancé par la liste socialiste (menée par un certain François Hollande).
M. Sarkozy de Nagy-Bocsa est ministre de mai 2002 à novembre 2004, et depuis le mois de juin. Il a toujours été le numéro 2 du gouvernement, il n’a eu que des postes importants : ministre de l’Intérieur, ministre des Finances ; à ce titre, il a préparé le budget 2005, fondé sur une estimation de croissance qui s’avère beaucoup trop optimiste, et grevé par des trucages comptables déjà mis en œuvre entre 1993 et 1995, quand le ministre délégué au Budget s’appelait Sarkozy Nicolas.
Et maintenant, l’élu de Neuilly-sur-Seine veut changer la façon de faire de la politique ! Qu’il commence donc par son autocritique ! Cela lui prendra bien deux ou trois ans.
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